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Le Chad
Le Chad
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5 octobre 2005

Dimanche d'été

Dimanche d’été.

 

Je ne vois pas du tout de quoi elle parle. Je vois pourtant qu’elle articule. Ses lèvres bougent, en cascade. Mais tout cela ne veut rien dire. Comme d’habitude. Les sons émanants de sa protubérance buccale sont tels des bruits inintelligibles teintés d’une violence qui ne m’est pas étrangère. Je comprends alors que quelquechose de grave est probablement arrivé. Mais pourquoi s’adresse-t-elle à moi de cette façon ? Peut-être suis-je la cause de tout cela ? Je n’ose pas y penser.

Tout à coup le téléphone sonne. Elle se rapproche et attrape le combiné tout en gardant ce regard noir, accusateur. Le ton de sa voix change et même si je ne comprends toujours pas ses propos, je me rends compte que le sujet n’est plus le même. Elle sourit. Elle est définitivement la plus belle. Là, assise sur le rebord du sofa, une clope à la main, dans sa nuisette d’été, je suis tenté de me blottir près d’elle. Mais ces derniers reproches m’ont quelque peu refroidi. Je préfère faire demi-tour et remonter les escaliers.

Alors que j’enjambe la première marche, je l’entends hurler derrière moi. J’ose à peine bouger. Elle a raccroché et à son timbre, je perçois que notre discussion n’était pas terminée.

Puis elle s’approche de moi, m’attrape par le cou et dirige mon regard vers ce vase, brisé au sol. Elle semble vouloir me dire que je suis coupable. Je n’ose lui dire le contraire par peur des représailles.

Elle se tait. D’un moulin à paroles, elle est devenue brutalement muette. Je sens de la tristesse dans son regard. Elle quitte la pièce et revient très vite avec cet objet rouge, que je connais si bien. Il me redonne le sourire.

Mais je ne comprends toujours pas. Et maintenant encore moins. Le paradoxe du symbolique du « rouge » avec ses actes véhéments me trouble. Que dois-je en conclure, qu’elle regrette ?

Je me réjouis toutefois des prochaines minutes de bonheur en sa compagnie. Mais cette résignation qui émane d’elle ne me plait guère.

Je la vois s’habiller, en vitesse. Levé beaucoup plus tôt, je suis déjà prêt.

20 minutes plus tard, nous sommes dans la voiture et je la regarde comme chaque dimanche matin.

Au bout de quelques kilomètres, les environs me sont inconnus. Les arbres disparaissent, les maisons se font rares. Et la route s’élargit. La voiture à doublé de vitesse et, en ce matin de juillet, il me semble que nous sommes les seuls au monde.

Tout à coup, elle s’arrête sur le bas-côté. Elle descend de la voiture, le « rouge » à la main. Je reste dans l’expectative. Dans l’ignorance, je lui fais confiance. Là, près d’elle, je la regarde me regarder. Seuls, au milieu de nul part, au bord de cette route, nous pleurons.

Des mots, vagues, s’échappent de sa bouche. Mêlés de larmes, ils se veulent doux et calmes. A nouveau, je ne comprends pas. Elle m’embrasse et me sert dans ses bras. Le plaisir que j’éprouve me fait peur. Je commence à faire le lien et il me semble que cela à un rapport avec ce qui s’est passé ce matin. Qu’elle m’en veut. Elle me punit. Alors que je commence à comprendre, je me retrouve abandonné au bord de cette autoroute. Ma laisse rouge me lie à cette rambarde et je la vois disparaître à l’horizon.

vase

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Commentaires
M
Merci mon ch'ti Karl, ca me fait plaisir ton passage par ici!
T
ah mais j'adore, ah mais pire !! je me suis douté du truc assez tot mais c'est génial.
J
wahou ! Il est trop bien celui-là. J'adore la chute.
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