Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Chad
Le Chad
Publicité
9 février 2005

La mort

            

La mort ne s'oublie pas, elle s'enfouit….
 

      

 

      

Lundi 18 Mai : Je me suis levé ce matin en ayant l'impression d'être la veille. Je ne me suis trompé que de peu. Mêmes personnes croisées, mêmes visages blafards, mêmes gestes lents. Le lycée n'est plus le pareil depuis la mort de Seb. Son ombre plane toujours au-dessus de nous.

         

 Mardi 19 Mai : Pourquoi ? Pourquoi et surtout comment ? Je suis envahi de questions aujourd'hui et je crois que ne je suis pas le seul. Seb me hante, nous hante tous. Bien sûr, il était plutôt intrépide et je ne suis qu'à moitié surpris. Mais quand même, 18 ans, c'est beaucoup trop tôt. Mon éducation catholique me pousse à « accepter » mais c'est trop facile. La révolte m'enflamme. Mes parents la subissent.

         

 Lundi 25 Mai. R.A.S., pathétique. Comme si chaque jour, on ne pouvait oublier le Bac., oublier Seb. Merde ! T'as vraiment fait le con. Et moi qui ai failli te suivre. J'aurai dû tiens. Qu'est ce que je dis ? Encore des conneries, ouai ! Et les parents qui me tannent avec ce Bac. J'en peux plus !

         

 Vendredi 29 Mai : Enfin ce week-end. Je souffle, je souffre. Comme s'il avait semer la mort derrière lui. Et sa sœur qui me fait chialer à chaque fois que je la vois. Elle me fait mal à en crever. Ce midi, je n'ai rien bouffé. Elle était là, à ma table, à manger ses carottes avec la même faim que j'aurais à manger de la terre. Elle m'a coupé l'appétit. J'avais envie de la prendre dans mes bras, si y'avait pas cette pudeur, assassine. Je suis ballotté, entre compatir à la douleur de l'autre et rejeter la mienne. Ce double combat me fatigue, physiquement et moralement. Et mes parents qui ne savent pas comment se comporter face à moi. Lui est parti et tout le monde a perdu sa place. Le chien est sorti du jeu de quille.

         

 Dimanche 31 Mai : Le week-end se termine. Il fait lourd. Il pèse sur notre présence. J'ai vu Sam hier, mêmes impressions. L'épidémie a envahi l'entourage de Seb. Les plus proches sont les plus touchés. On s'est rassuré, soutenu, écouté. Ca m'a fait beaucoup de bien, à lui aussi je crois. Comme en partie soulagé d'un poids. Je commence à y croire.

         

 Mardi 9 Juin. La lente agonie vers l'examen suprême a repris sa route. Seb disparaît peu à peu des mémoires. Il reste accroché à la mienne. Telle une enfant agrippée à la jupe de sa mère un jour de rentrée. Je m'énerve. Les gens oublient trop facilement.

         

 Vendredi 19 Juin : Fin de la semaine, à nouveau. L'électricité de l'angoissante attente a repris le pas, sur une tristesse déjà engloutie dans le passé. Ca me révolte. Je crie au scandale. « J'accuse » cette facilité » à oublier la fatalité. Ces êtres qui autrefois le pleuraient aujourd'hui l'ignorent.

         


 
Mais je reste conscient. En moi il vit toujours. En moi il  ne mourra pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité