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Le Chad
Le Chad
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9 février 2005

Seringue

   

SERINGUE
 

 



   

 


  Hier, quelle salle journée ! Oh, tout aurait pu bien se  passer. Mais voilà, une blonde a encore gâché mon week-end.

         

Samedi soir, j'avais donc rendez-vous avec cette Natacha, dans un bar du Vieux Tours. Je ne m'attendais pas à grand'chose. J'espérais être surpris. Et ce fut le cas, de façon plutôt désagréable.
 

      

Natacha est tout simplement une seringue. Instrument médical de forme oblongue allongée, au sommet pointu. De la marque Penta et d'un volume de 50 millilitres, elle ressemble vaguement à toute autre seringue du même fournisseur. Elle porte une extrémité en forme de vis qui permet de la monter sur un pousse-seringue électrique, en la reliant à une tubulure. Dans ce cas, diverses précautions d'emploi doivent être connues pour pouvoir la manipuler. Une certaine dextérité est nécessaire, et il est parfois utile d'employer la force pour faire bouger le piston, surtout lors des premières manipulations.

      

Toujours dans le cas d'une utilisation avec un pousse-seringue, sa graduation frontale doit être mise en évidence. Cela permet un meilleur repérage et donc une meilleure organisation. Surtout ne pas perdre de temps !

      

Son emballage plutôt sommaire, se déchire sans offrir de résistance. Bien sur, il ne faut pas oublier de jeter un œil sur la date de péremption. Celle-ci, largement dépassée pour Natacha, se situe tout en bas d'un ensemble de symboles particulièrement difficiles à déchiffrer. Ma formation « Sécurité et Hygiène en milieu hospitalier » m'a offert cette capacité.

         

 Après les politesses d'usage, la conversation s'est lancée difficilement. J'ai survolé les actualités pour pouvoir accrocher son intérêt. Ainsi, j'ai abordé le sujet Sarkozy et j'ai vite compris que la politique était sujet à discussion. Je sentais qu'elle se retenait et qu'elle évitait les adjectifs « salés » pour qualifier nos sénateurs. Deux, trois fusèrent et je ne me suis pas gêné pour le lui faire remarquer : « Vous êtes piquante mademoiselle. » Elle rit.

      

Plus à l'aise, elle commença à parler d'elle, ses origines,  son avenir, ses désirs.

      

De critiques acerbes, son discours se mua en « filet  liquide », intarissable. Elle ne s'arrêtait plus.

      

Devenue bavarde, je souffrais. Je n'arrivais pas à placer un  mot.

      

Il eut suffit que je la pousse un peu pour en faire sortir son contenu. Contenu que je qualifierai d'aqueux, sans odeur ni couleur. De l'Hypnovel.

         

 Et là, je la vis transparente. En clair, j'y voyais à travers. La discussion, un monologue d'une tiédeur extrême, se répandit. Tel un ennui envahissant notre environnement, j'étais assommé, anesthésié. Pour passer le temps, l'agonie, je me suis mis à compter, à réciter l'alphabet à l'envers, tout en essayant de garder une contenance. Mais rien n'y faisait. Elle était toujours là, me fixait, bougeait les lèvres, débitait son poison. Mes paupières, lourdes, luttaient. Je succombais.

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Commentaires
J
très bon, très bon : surtout le <br /> « Vous êtes piquante mademoiselle. »<br /> Ca c'est trop bien.
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