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Le Chad
Le Chad
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8 février 2005

Fenetres

       

FENETRES
 

 


 

 

Fenêtre A :

      

Pâleur. Absence. Violence. J'attends et je ne vois rien. Je patiente et je n'entends rien. Rien que herbes et feuilles dans le vent. Que rien ne passe si ce n'est le temps. Je suis le seul survivant.

         

 
  Fenêtre B :

         

Verte feuille. Bleu ciel. Jaune oiseau. Rouge jupe.  Turquoise écharpe. Beauté femme. J'aime.
  Gris fumée. Anthracite goudron. Noir excrément. Violence  humain. Je haïs.

         

 
  Fenêtre C :

      

Là, aussi léger que la chute d'un duvet d'oisillon sur la neige, elle l'embrasse. J'ose à peine les regarder, derrière ma fenêtre, tel un voyeur à la dérobée. Ils sont indubitablement heureux, planant au dessus du banc. Il lui prend délicatement la main, alors qu'elle lui susurre des paroles envoûtantes, équivoques. Il l'écoute attentivement, yeux dans les yeux. Bonheur partagé.

         

 
  Fenêtre D :

      

Sous un soleil scintillant, il s'assoit, sans se rendre compte de ce qui se passe. Là, sous le même ciel, Cécile lui sourit. Soudain elle s'approche, sans bruit. Sacha ne sent pas sa présence. Il a la sensation d'être seul. Terriblement seul. Alors pour satisfaire un irrépressible désir, il sort une cigarette. Elle s'assoit à ses côtés. Cette fois, il la sent. Sacha la scrute, elle aussi. Elle le surveille. IL s'imagine qu'elle ne va pas pouvoir s'empêcher de lui demander une cigarette. Ce n'est pas ça. Elle reste sage, à le scruter. Et enfin il saisit.

         

 
  Fenêtre E :

      

Jouer. Bavarder. Vadrouiller. Plaisanter. Regarder. Marcher. Patienter. S'énerver. Embrasser. Lacer. Téléphoner. Déranger. Péter. Déménager. Voler. Crier. Se renseigner. Ecouter. Se poser. Destresser. Manger. Pleurer. Cracher. Vivre.

         

 
  Fenêtre F :

      

L'aut' soir comment j'me f'sais chier. J'avais rien à foutre. J'me suis posé devant c'te f'netre. Y'avait des keums qui criaient grave sa mère, je croyais qu'y s'allaient se maraver. J'te jure. J'me demande c'qu'y foutaient. Y parlaient de beuh, de techi. Comment y me gavaient. J'entendais même plus ma zicmu. J'étais à 2 doigts de leur tomber sur la gueule à ces bâtards.

         

 
  Fenêtre G :

      

Je vois, à quelques mètres de la fenêtre de ma chambre, un arbre, vert, luxuriant et plein de fleurs, au milieu d'un parc vide, aussi vide que les bancs qu'il renferme, qui se rempliront demain, tôt le matin, alors que certains reprendront leur travail à l'usine, irrémédiablement, sans discontinu, jusqu'au soir, où ils retrouveront leur domicile, triste et sans vie, comme M. Tarkos, que l'on a enterré hier soir, seul, sans personne pour l'accompagner dans sa dernière demeure, aussi solitaire que ce chien perdu, sans maître, qui est sûrement déjà parti se coucher, en pleurant.

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