5 portes...
J’entre pas à pas dans ce corridor,
assoiffé de curiosité, je cours
et heurte une porte qui m’assomme d’un bruit sourd.
Je titube, me relève, pas encore mort.
J’ouvre alors cette assommeuse ridicule
et découvre une scène, beauté infinie:
une élégante et svelte libellule,
étincelante sur un roseau jaunie.
A peine ai-je le temps de la savourer,
que la porte s’est aussitôt refermée.
Dans le noir ne sachant où aller,
je déambule, continuant d’avancer.
d’un geste vif j’appuie sur la poignée.
Atroce et sanglante image baigne mes yeux:
cris d’une femme éventrée par un émeu,
les ailes giclent dans l’air en un fracas
faisant voler des plumes jusqu’à mes pieds.
sert dans ses bras un fœtus à peine né,
le cordon autours du cou, étranglé.
Tout cela dans une odeur de viande crue.
et ouvre une porte voisine, les yeux clos.
et aperçois sur fond noir un homme nu
dont les yeux grand ouverts pleurent d’effroi,
comme un enfant au départ de sa mère
M’approchant de plus près je m’aperçois :
cet homme sans pudeur n’est autre que moi.
Demi-tour, courant, je fuis cette horreur,
ouvre une nouvelle porte pareil aux autres,
derrière laquelle gît une table esseulée.
2 rails de coke au centre attendent leur heure,
près de 2 pailles semble-t-il usagées.
Très lâchement, je quitte cette salle, apeuré.
J’ouvre l’ultime dernière porte du couloir,
où une lumière bleue jaillit pleine d’espoir
m’attire et m’aspire dans un courant frais.