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Le Chad
Le Chad
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29 mai 2005

Une rencontre

 

Je l’ai rencontrée par un jour de soleil, ça on peut pas dire, ce jour-là y faisait beau.

Mais alors qu’est ce qu’y faisait froid ! Je m’étais fait violence pour sortir de mon T1 et me « dérouiller » les jambes. J’avais encore les paroles de la Louise qui résonnaient entre les oreilles :

« Mais merde quoi ! Bouge ton cul ! Tu crois quoi toi ? Y a pas 10 mondes, y’en a qu’un ! Et t’en fais partie ! Alors remue toi un peu et sort de ta bulle !! »

Là dessus, elle avait raison. Et je commençais à faire le premier pas. J’allais me balader, avenue Zola. Au bout, je suis entré dans le parc de la Rosée. Je grelottais mais je me disais que ça ne pouvait que me faire du bien. Là je me suis assis sur le premier banc venu. Crade mais confortable. Je repensais à tout ça. Tout ce qui faisait que j’en étais rendu là. Cette histoire avec la banque, ce mec louche, la nuit passée au commissariat où j’ai rencontré cette fille, les 3 mois de galère, cet enterrement. Ca fait déjà 8 mois et je ne m’en sortais pas.

Ah merci Louise et tes bonnes paroles !!

Bref, je ruminais quand elle est arrivée où plutôt quand elle s’est affalée à mes pieds, criant un prénom horrible. Le prénom, c’était son fils. Elle s’est relevée non sans mal en vociférant en direction du gnome tout en marmonnant des excuses.
Elle venait de se planter alors qu’elle tentait de le rattraper. Il faisait mine de s’enfuir avec son sac à main.
Elle s’asseya ensuite à côté de moi, récupéra son sac des mains du môme qui se dirigea ensuite vers la bac à sable pour donner des coups de pied à d’autres pauvres gamins.
Elle se présenta et le son de sa voix fut plus audible. Clara. Clara et sa voix. Même si je comprenais ce qu’elle disait, il me semblait que les sons n’étaient pas humains. Féeriques.

J’étais Ulysse, attaché au mât.

Mais cette sirène était bien là, présente devant moi et cette impuissance face à son fils révélait une fragilité qui la rendait touchante.
Elle avait l’air désarmé. Tellement désarmé qu’elle se confia à moi, sans pudeur. J’étais tout ouïe, subjugué.
Et elle continua à parler, un long flot de sons enivrants entrait dans ma tête, dans mon corps entier. J’étais possédé, sous un charme que je n’avais pas envie de rompre. Aujourd’hui je ne me souviens plus de rien. Seul son prénom est encore présent.
Je la regardais fixement. Elle, vaguement suivait mes yeux tout en parlant, parlant, parlant. Je me sentais fébrile, envoûté. Mes paupières se faisaient lourdes, me tête devint une enclume.

Et c’est tout. Rien, plus rien ensuite. Le trou noir. Je me souviens m’être réveillé, au pied du banc, en position fœtale. Il n’y avait plus personne dans le parc. Seul un cantonnier ramassait les poubelles. Je me suis levé, comme drogué. Je titubais. J’avais envi de courir pour aller rapidement raconter cette histoire à Louise. Mais je me rappelais qu’elle ne rentrerait pas d’Australie avant la fin de la semaine. Mes jambes étaient lourdes et je repensais encore à ce prénom qui hantait mon esprit.

Je me suis senti seul, en marchant comme pour la première fois.

ulysse

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