Je dors
JE DORS
Chicago. 3 pour 2 lits. Qui prendra la baignoire ? Courte paille
pour savoir qui dormira avec qui. Bien sûr, j'ai perdu. Zapping avant
le dodo. Ces amerloques et leurs médias nous bluffent. Chaîne 36 :
une bonne sœur nous parle de ses croyances, ses espoirs pour cet été.
Chaîne 37 : Tabatha Cash nous fait part de ses prouesses
corporelles en compagnie d'une de ses charmantes copines. On se marre.
Bungalow
au beau milieu de Varsovie. Camping de luxe pour eux, 2 étoiles pour
nous. La pauvreté existe en Europe. Je tente de m'endormir en repensant
aux autres campings visités. Mouches, odeurs et pas les meilleurs,
humidité, voisinage plus que présents. Je cerne ma chance.
Aïe.
Ma tête. 10 cm au dessus et je touche le bois. On est 6 dans une pièce
de 12m². Et bien sûr, c'est moi qui me retrouve sous la commode.
Heureusement, moi je suis sur le matelas pneumatique. J'ai le confort
en dessous, la dureté au-dessus. Impossible de dormir. Le ciel est trop
bas. La peur qu'il me tombe sur la tête.
Toujours
à 6. Cette fois dans une tente pour 2. C'est le festival. Un bras par
ici, une jambe par là. Tiens, c'est qui là ? Ah, excuse, je
croyais que c'était mon pied. Qui ronfle, qui pète ? Les filles au
dessus, les mecs en dessous ? L'inverse ? Je propose. On se
réchauffe, on s'étouffe. A 20 ans, on est capable de tout.
Toujours
la même tente. A deux cette fois, avec mon frère. 1300m d'altitude.
Vallée de Soussouéou. Plein été, rando dans les Pyrénées, sac à dos et
boites de conserve. Cette nuit, torrent bruyant, cris d'animaux et
averse. La chaleur du duvet me rassure. Je somnole et commence à rêver
au prochain hiver, même endroit, mêmes personnes.
Région
d'Auxerre. Hôtel à bas prix en zone commercial au milieu du mois de
Juillet. Je sais que c'est la fin. Je le vois a ses yeux. Nuit
mouvementée, prise de tête et les sempiternelles questions
s'entrechoquent dans mon cerveau. Que faire ? Où aller ?
Qu'est ce qu'elle veut ? Qu'est ce que JE veux ? On y verra
plus clair demain. Oui, mais la nuit est longue. Paradoxe. La tendresse
de nos gestes contraste avec la violence de nos pensées. Pas
d'explication, pas de compte rendu. Jute un goût amer qui restera. Qui
reste.