Métro

      

METRO
 

 

   

 

Bruit de porte de métro. Vide. Elle s'assoie sur le premier strapontin venu. Belle, légère, courte vêtue, normale un 12 Juin. Mais terne, affreusement terne. Son visage triste est la parfaite antithèse de sa tenue. Colorée, limite tape-à-l'œil. Son histoire est son explication. Elle se renferme.

      

Nouvel arrêt, il entre. Visage inflexible, costard noir et sans plis. Coup d'œil : oh merveille ! Sous le charme il tente d'attirer son attention. Racle sa gorge, mets son visage en activité et recherche son regard. Pose sa mallette avec vigueur. Mais rien n'y fait. Elle reste immobile. Un gouffre les sépare. Il attrape la barre et le métro peut reprendre son chemin.

      

Il défait son nœud, respire. Et ne s'avoue pas vaincu. Il s'approche, un pas, deux pas, s'assoie. Près d'elle, il sent son odeur. Fraîcheur et violette, couleurs de Claudette. Puis soudain, elle lève le menton alors qu'elle sent le danger. Elle le sent toujours, le repère à des lieux à la ronde.

      

3^ème arrêt. Perturbant ce petit monde, elle entre, l'échine courbée. Sous le poids des âges, elle ne voit pas la mallette, la bouscule. Il se lève couleur colère. Se sentant sauvée, l'autre retourne a ses pensées, son histoire, ses réflexions.

      

Lui, silencieux, assène un regard noir à la pauvre dame qui s'éloigne non sans mal, tirant son caddie, plein. Récupérant sa mallette, il se retourne, sourire aux lèvres et se retrouve nez à nez face a un magnum, chargé.

      

En pleure et minijupe : « Plus jamais  ça ! » PAN !